DISCOURS DE SOPHIE BINET DEVANT LA VERRERIE DU LANGUEDOC

Publié le 9 juil. 2025
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Discours prononcé à Vergèze le 3 juillet devant la Verrerie du Languedoc où des emplois sont menacés.

Aujourd’hui nous sommes 3000. De toute l’Occitanie et au-delà.

Un immense bravo aux camarades des Vosges, de Gironde, de Picardie et d’ailleurs qui sont sur la route depuis hier pour être parmi nous aujourd’hui. 

Le message est clair. De la mème manière que nous avons lutté et empêché la fermeture de Valdunes, de Gardanne, de la fonderie de Bretagne, nous ne  laisserons pas la verrerie du Languedoc fermer !

 

Pourquoi sommes-nous aussi nombreux? Parce que ce sont ¼ des effectifs d’Owens Illinois sur 5 sites en France qui sont aujourd’hui menacés. Parce que la verrerie du Languedoc, ce n’est pas qu’une usine : c’est un symbole, un bastion, une fierté. Cette verrerie, elle nous appartient.

Si elle est là aujourd’hui c’est parce que la CGT l’a sauvée à plusieurs reprises et notamment il y a presque 20 ans en 2006. Non seulement nous avons maintenu l'usine mais nous avons créé une dynamique régionale et gagné la création de la bouteille Sud de France. Cette bouteille, ce n’est pas juste un packaging. C’est le fruit d’une lutte ouvrière. À chaque fois que vous buvez un vin d’Occitanie, souvenez-vous que derrière la bouteille, il y a la sueur d’un verrier !


Un grand bravo aux ouvriers de la verrerie du Languedoc qui sont encore en grève aujourd’hui. Cette verrerie, elle tient debout parce que vous la faites tourner. Pas les actionnaires, pas les patrons en costume-cravate, non : vous. À la sueur de vos fronts. 650 degrés en sortie de chaîne. 100 décibels en continu. Jour. Nuit. Week-end. Jours fériés. Vous tenez la baraque. Et vous encaissez les coups. Amiante, soude, silice, hydrocarbures, tétrachlorure de titane, aromatiques polycycliques, brouillards d’huile, éclaboussures de graisses chaudes... la liste est longue. Et malgré ça, vous êtes encore là. Debout. Fiers de votre travail. Dignes. Et c'est ça qui nous réunit aujourd'hui à Vergèze, la défense de l'emploi, de nos emplois.


La CGT a recensé plus de 400 plans de licenciements dans toute la France. Partout, la même histoire qu'ici. Des usines et des commerces qui ferment parce que les actionnaires ont décidé d'aller faire encore plus de profits ailleurs. Un gouvernement qui ferme les yeux et n'a pas le courage d'affronter les multinationales. Un gouvernement qui continue à signer des chèques et à distribuer des centaines de milliards d'euros d'aides publiques. Et qui explique, après avoir laissé fermer nos usines que les chômeurs sont des fainéants et des assistés et qu'il faut supprimer leurs allocations. Quelle honte. Camarades. Nous sommes réunis ici car nous savons qu'il n'y a pas pire violence sociale que le chômage.


Camarades, dans cette période trouble, n’oublions jamais qu’il n’y a pas de concurrence entre travailleurs, il y a la solidarité dans la lutte. Ne laissons jamais le patronat et l’extrême droite nous faire croire que l’ennemi, c’est l’ouvrier d’à côté. C’est une duperie. Le seul ennemi, c’est celui qui ferme des usines, maximise ses marges, et verse des dividendes en licenciant. Et ceux qui votent des lois pour le laisser faire sont ses complices.


Nous sommes ici pour dénoncer un scandale.Ce scandale, c’est l’accord tacite entre les 3 grands producteurs de bouteilles en France.
Verallia, OI, Saverglass : ils organisent la pénurie pour faire monter les prix, dégager toujours plus de marges et augmenter leurs dividendes. Résultat : des vignerons asphyxiés , un tiers des bouteilles utilisées en France qui sont importées, et nos usines qui ferment en emportant les savoirs faire. On ferme ici, et on pollue là-bas. Voilà la logique du capital !
Cette verrerie c'est notre avenir. Le plastique détruit notre planète. Rivières, océans, forêts, organismes vivants : tous contaminés. On est tous pleins de microplastiques. Il faut en finir avec le jetable. Comme le disent nos camarades de la chimie, le pétrole est une matière première trop précieuse pour qu’on la brûle et qu’on la jette. Nous avons besoin d’une vraie politique publique pour imposer les contenants en verre et une filière de recyclage. Pour cela nous avons besoin de produire beaucoup plus de verre en France, et de travailler pour le décarbonner. Pas question qu'on nous dise que cette verrerie n'a pas d'avenir!


Nous, à la CGT, on ne se contente pas de dire non :
On construit. On propose.Un repreneur sérieux, était pourtant là. Un projet solide, il existe.
Il faut maintenant deux engagements clairs :
• OI : vendez au lieu de licencier. Et vite !
• Nestlé : engagez-vous sur les volumes ! C’est votre eau, c’est vos bouteilles. Pas question de faire payer aux salariés le scandale des eaux minérales. Et à l’État, on dit : Monsieur Ferracci, vous êtes ministre de l’Industrie, pas ministre des Licenciements ! Les aides publiques doivent servir à sauver l’emploi, pas à engraisser les conseils d’administration.
La verrerie de Vergèze, c’est plus qu’une usine. C’est le poumon du territoire. Fermer la verrerie c'est fermer ensuite les écoles, les équipements sportifs et les commerces. C'est condamner un territoire entier.

Alors on va se battre. Comme à Gardanne. Comme à Valdunes. Et croyez-moi, si on lutte comme on sait le faire à la CGT, alors cette verrerie, elle ne fermera pas !
Vergèze vivra. Et le combat continue !

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Repère revendicatif